Les coûts de production et les prix de vente dans le machinisme agricole ont connu une envolée inédite au cours de trois dernières années. C’est un des principaux constats du rapport annuel du syndicat Axema (1). L’analyse économique détaille une augmentation significative et régulière, depuis 2020, estimée à 30 % aujourd’hui.
Pour les professionnels du machinisme agricole, les années atypiques s’enchainent. Le covid et les confinements instaurés sur les différents continents ont perturbé, voire bloqué, certaines chaines de production un peu partout à travers le monde. Les conséquences sont connues : augmentation des prix de l’énergie et des matières premières, retards dans la fabrication de composants... Malgré ce contexte compliqué, les ventes sont restées stables sur la période, avec même une petite augmentation de volume en 2022 (+ 2,5 %).
Des délais de livraisons qui restent longs
L’an passé, l’invasion de l’Ukraine par l’armée Russe et la politique anti-covid de la Chine ont entrainé de nouvelles hausses très importantes du prix des matières premières, alors que les pénuries de pièces étaient toujours d’actualité compte tenu des perturbations de l’activité économique chinoise.
Le maintien de la demande s’est traduit par un allongement supplémentaire des délais de livraison. Sur certaines séries de tracteurs ou d’équipements, l’attente est montée à plus d’un an. De quoi s’arracher les cheveux pour les agriculteurs qui se sont retrouvés dans l’incapacité de planifier certains projets, faute d’une disponibilité garantie de leur futur matériel.
Depuis le début de l’année 2023, les professionnels estiment que la situation s’améliore un peu. Certaines marques proposent désormais une livraison dans des délais presque normaux, 6 à 8 mois après la commande, mais cela n'est pas encore le cas de tous les constructeurs, ni pour toutes les catégories de produits.
Une panne moteur ?
La plateforme de solutions de remplacement pour moteurs diesel destinés aux engins agricoles, TP et industriels.
Commandes en chute
Les tendances pour 2023 montrent des prix encore à de très hauts niveaux. Les chiffres d’affaires du secteur seront sans doute également très élevés et en partie obtenus sur des commandes datant de 2022. Mais, en parallèle, tous les distributeurs constatent un fort essoufflement de la demande sur le premier trimestre de l’année : les clients ne peuvent plus se permettre d’investir à ces niveaux de prix.
Selon les catégories de matériels, des baisses des achats, de 15 à 50 %, sont relevées par la profession. Faut-il espérer avec cette chute des commandes un retournement du marché avec à la clé une baisse des prix ? Rien n’est moins sûr pour le moment. Les mois à venir seront décisifs.
En attendant, faute de pouvoir investir dans du neuf, beaucoup d’agriculteurs se sont orientés vers du matériel d’occasion. Sur ce segment aussi les prix ont augmenté et les disponibilités en concession sont de plus en plus rares. Prolonger la durée de vie de son matériel garde tout son sens.
(1) Axema est le syndicat français des acteurs industriels de la filière des agroéquipements et de l’agroenvironnement.